– Par André Grassart
Un livre sur ce merveilleux cheval peut être un lanceur d’alerte pour sauver les chevaux de trait.
L’auteur, Jean-Léo Dugast est un spécialiste des chevaux de trait. Amoureux du cheval percheron, il a voulu en retracer l’historique. Il a pu en faire le récit grâce à une découverte inespérée.
Les archives des débuts de la Société percheronne française (de 1880 à la guerre de 1914) avaient disparu. Un jour, Jean-Léo Dugast est amené à fouiller le grenier abandonné de la Société percheronne à Nogent-le-Rotrou.
Sous des gravats, il découvre trois grandes caisses oubliées. A l’intérieur, 40 années de documents des débuts de la SHPF (Société hippique percheronne de France). Pour l’histoire du Percheron, c’est un miracle. Toutes ces archives sont récupérées avec mille précautions époussetées, repassées, triées, scannées et… lues.
Le siècle d’or du cheval percheron
Conjointement, les recherches sont faites aux Etats-Unis. Grâce à des coupures de presse de journaux américains mais aussi français du 19e siècle tout se découvre. On sait que la Société Hippique Percheronne et le stud-book de la race (ouvert en 1883 et fermé en 1885 ; ensuite, les poulains issus d’un étalon et d’une jument inscrits sont inscrits) ont été créés à l’initiative des acheteurs américains de chevaux percherons. Jusque-là, il n’existait que les carnets de naissance des éleveurs. L’histoire du plus célèbre cheval de trait du monde se lit comme un feuilleton. Voici deux exploits qui donnent une idée de l’engouement que ce cheval a pu susciter.
Le Percheron en anecdotes
Une jument pleine d’allant
« Une jument grise, née chez M. Beauvallon à Almenesches (Orne) en 1845, appartenant à M. Montreuil, marchand de chevaux à Alençon, a fourni en 1851 l’épreuve suivante : attelée à un tilbury de voyage, elle est partie de Bernay en même temps que la malle estafette de Rouen à Bordeaux, et est arrivée avant elle à Alençon, ayant franchi 89 kilomètres sur une route montueuse et difficile, en 4 heures 24 minutes. Cette jument vit encore, et appartient aujourd’hui à M. Buisson, maître d’hôtel au Cheval blanc à Séez (Orne) chez lequel elle traîne l’omnibus qui fait le service de la gare du chemin de fer à son hôtel. » Publié dans le cheval percheron, Charles du Haÿs, 1866, p. 174 (page 75). Ce livre est rempli de découvertes de ce type mais décrit aussi le développement de l’engouement pour le Percheron, bon trotteur de trait.
Les courses à Mondoubleau (Loir-et-Cher)
« Voilà treize ans que les courses de Mondoubleau existent et pendant ces treize années, 887 chevaux ont été engagés et 575 ont couru. Cette année, sur 55 chevaux engagés, 46 sont entrés en lice. Les courses de Mondoubleau ne sont ni des steeple-chase, ni des courses de grande vitesse, ce sont des courses au trot ; elles sont aux autres courses ce que le travail est au jeu. Ces épreuves ont prouvé ce que peuvent faire nos braves chevaux percherons. Les chevaux ont couru les uns attelés côte à côte, les autres attelés seuls ou montés. Le premier attelage, composé de deux juments attelées à une voiture à quatre roues, a fait la lieue (4 kilomètres) en 10 minutes 4 secondes. La course la plus rapide a été accomplie par une jument de cinq ans qui a mis 8 minutes pour franchir les 4 kilomètres. La vitesse moyenne pour les 46 bêtes qui ont couru, a été de 8 minutes 58 secondes pour 4 kilomètres. » Publié dans le journal l’Illustration du 4 octobre 1862. (Page 73).
Voici un autre exemple des capacités du Percheron, cette fois, en endurance.
Le coin Librairie
Le siècle d’Or du cheval percheron
Ce livre de 500 pages illustré de photos, gravures et dessins souvent inédits fait découvrir la conquête du monde par le Percheron aux USA, au Canada, en Australie, en Argentine, en Nouvelle Zélande, au Japon et en Europe… Il y a aujourd’hui des sociétés percheronnes dans presque tous ces pays (voir l’article sur le livre page 9). Jean-Léo Dugast, Editions de l’Etrave, 30 €. 06 11 33 11 00, contact@editions-etrave.fr
Crédit photo intro ©P. Biget