Pourquoi le travail à pied

Le travail à pied, base de la relation avec le cheval et de la préparation physique dans son éducation, fait partie intégrante du programme des formations d’animateurs et moniteurs d’équitation, ainsi que des Galops® de cavalier.

– Par André Grassart

Vital Lepouriel, Chef d’escadron, ancien écuyer du Cadre noir et créateur-enseignant de la section attelage de l’Ecole Nationale d’Equitation à Saumur, est également Expert fédéral dans le discipline du travail à pied. Il est membre du groupe de travail de la FFE chargé de sa promotion.

C’est à lui que nous allons demander les raisons du travail à pied.

Quels avantages pour le meneur ou le cavalier ?

C’est un contexte naturel pour aborder le cheval, l’homme étant alors « un piéton ». L’homme ou la femme se trouve alors dans des conditions privilégiées pour observer son cheval. En suivant une progression logique, il part de la compréhension du cheval et peut aller jusqu’au rassembler.

Quel intérêt pour le cheval ?

  • Il n’a pas le poids du cavalier à porter, ni celui de la voiture à tirer.
  • En partant de son instinct grégaire et de fuite, il peut apprendre un code précis pour communiquer avec l’homme.
  • Avec un code précis, il est possible de lui faire comprendre ce que l’on attend de lui. Ce qui évite les moyens de coercition.
  • Il peut exécuter des assouplissements pour améliorer sa locomotion ou compenser des raideurs naturelles ou dues à l’utilisation.

Cette approche est adaptée, utile et même indispensable. Quelle que soit l’utilisation du cheval que l’on envisage ou que l’on pratique.

Quel est le but du travail à pied en longe ou aux longues rênes ?

  • Mettre en place un rapport de confiance entre l’homme et le cheval, indispensable pour permettre une action sur la locomotion. C’est l’objectif principal des éthologistes.
  • Mettre un code en place permet d’agir sur la locomotion.
  • Pour l’apprentissage de l’homme, il faut commencer avec un cheval « maître d’école » et les conseils d’un enseignant compétent.
  • Pour un jeune cheval, il faut être un pratiquant expérimenté.
  • Pour celui qui veut se débrouiller seul avec son cheval, il faut aller très lentement., en suivant la progression. Pour essayer de voir si les difficultés rencontrées sont dues au cheval ou à des erreurs humaines.
  • L’utilisateur qui passe beaucoup de temps avec son cheval. Ce qui n’est pas forcément facile à réaliser. Tisse naturellement une complicité et établit un «code» avec lui. Mais plus celui-ci développe de l’énergie et de la vitesse, plus la gestion en devient difficile.
  • Utiliser un code établi pour agir sur la locomotion afin que le cheval, sachant ce que l’on souhaite, puisse disposer de son corps pour l’exécuter selon l’adage « la position doit précéder l’action. »

Par quels moyens peut-on communiquer physiquement et moralement avec son équidé ?

  • Le premier moyen, celui qui établit les premières relations de confiance, sera la voix ; qui rassure et attire l’attention.
  • Celui qui agit sur le déplacement de l’équidé sera la place relative du cheval et de l’homme ou de la femme en fonction du sens des déplacements et des transitions.

Ces deux éléments combinés permettent d’obtenir une réponse précise aux messages vocaux, en sachant que le cheval peut retenir une trentaine de mots différents. Il ne faudra pas oublier également de jouer
sur l’intonation et le volume de la voix.
Pour aider à la compréhension et pour obtenir des réponses précises, les friandises, les caresses, la chambrière sont à utiliser. Il faut récompenser ou sanctionner pour guider le cheval dans sa compréhension.

Quels avantages le cheval ou le poney retire-t-il du travail à pied à la longe ou aux longues rênes ?

Le cheval, dans un contexte d’utilisation, va avoir à résoudre un certain nombre de difficultés. Dans le travail à pied, il va se retrouver sans effort de traction de la voiture pour le cheval d’attelage et sans avoir à supporter le poids du cavalier pour le cheval monté.

Et pour l’homme ou la femme ?

Le cavalier(ère) n’aura pas de problème d’équilibre. Le meneur(se), du fait de sa position à côté du cheval et non sur le siège de la voiture, va avoir une excellente vision de la réussite ou non des mouvements demandés (cette remarque est valable aussi pour le cavalier). Le longeur a une meilleure vision depuis le sol.

©FFE/PSV

Quelle progression faut-il envisager ?

La longe va être le départ du travail. Elle va permettre de découvrir l’importance de la place du longeur par rapport au cheval. Ce sera le moment d’établir un code vocal précis (ex : « ho » pour l’arrêt, « pas » pour la demande de l’allure du pas, etc.). Il faudra s’astreindre à utiliser les mêmes mots pour les mêmes demandes et à adapter les intonations et les volumes de la voix aux réactions de l’équidé.

Après les codes installés et l’importance des places cheval-longueur, vers quoi doit-on évoluer ?

En appliquant les acquis du travail à la longe, les longues rênes constituent la progression logique. L’utilisation d’un mors va permettre une intervention sur la bouche. Une action sur les hanches va être obtenue par les acquis de la longe, la voix, qui est une indication impulsive, et l’indication sur la bouche par les longues rênes aidera la compréhension du cheval. La combinaison de ces deux actions pourra être reproduite depuis son siège de guide par le meneur.

Quelle est la finalité du travail à pied d’abord à la longe puis aux longues rênes ?

La mise en place de tous les éléments pour agir sur l’équilibre du cheval, cet équilibre étant tributaire de l’orientation et de la poussée des postérieurs individuelle ou conjointe. Un cheval qui «tombe» à droite en tournant n’a pas suffisamment activé son postérieur intérieur (droit). Un cheval sur les épaules pousse plus avec ses postérieurs vers l’avant que vers le haut. Toutes les demandes doivent conduire à la recherche du rassembler chez le cheval.

Comment préparer le cheval à se rassembler ?

La flexion des postérieurs doit être associée à une souplesse du dos, objectif parfaitement réalisé dans l’épaule en dedans de la Guérinière, cité comme le premier et le dernier des assouplissements. Cette souplesse se manifeste par l’avancée des postérieurs par rapport aux traces laissées par les antérieurs amenant à remonter la ligne du dessus (ligne du dos).
La FFE encourage l’enseignement du travail à pied qui est la base de la préparation conjointe du cheval ou du poney et pourquoi pas de l’âne et du cavalier ou du meneur.

2018-2024

Cet article a été publié dans l’Estafette N°138, de juin 2018. Tout ce qui y est développé reste d’actualité avec un grand progrès puisque le 3ème championnat de France de travail à pied aux longues rênes va se dérouler les 20 et 21 juillet (2024) prochains à Lamotte-Beuvron. Il attend plus de cent compétiteurs dans les trois niveaux de cette pratique.
C’est le résultat du travail d’une commission qui a structuré l’enseignement du travail à pied et son actualisation. Trois Experts fédéraux ont pris en charge la formation des enseignants, mais aussi les programmes des diplômes de la discipline ainsi que l’animation de stages : Deborah Richter, Pierre Chapuis, spécialiste du travail à pied pour les poneys et les jeunes et Hélène Sarrassent présidente du jury
au Générali Open de France 2024. Le commandant Vital Lepouriel a coordonné la commission étant donné sa pratique et son expérience du travail à pied. C’est aussi lui qui a accepté d’être interviewé pour la rédaction de l’article que vous avez lu ou relu dans l’Estafette.

– Article paru dans l’Estafette 161

Crédit photo intro©©FFE/PSV