André Grassart :
Tout commence en 1997 où une commission est nommée pour réfléchir et proposer des épreuves de TREC attelé. Dans le même esprit, l’Association Française d’Attelage avait lancé en 1993 une réflexion destinée à conserver l’attelage traditionnel. Voiture ancienne et démonstration de la maîtrise d’un équipage utilisé à l’extérieur. J’ai organisé le premier concours d’attelage de tradition en 1994 à Saint-Agil dans le Perche.
J’ai aussi fait partie de la commission qui a élaboré le règlement du TREC attelé avec Isabelle Pinel, Bernard Finet, Jacques Malvezin et Pierre Jacob, tous meneurs. En 1998, dans l’Estafette N° 56 page 16, voici ce que nous écrivions : “Le TREC attelé en est encore à ses débuts. Nous avons reçu les comptes-rendus du 3ème TREC attelage de Savoie organisé par Bernard Finet, regroupant 31 concurrents. Et du TREC d’Eaunes (Midi-Pyrénées) organisé par Jacques Malzevin qui a permis à 13 attelages de découvrir cette activité. La première épreuve se veut pédagogique. Il s’agit d’un contrôle avant le départ qui consiste à s’assurer de la sécurité de l’attelage : état de la voiture et du harnais.
Il faut savoir interdire le départ à un équipage dangereux. Mais aussi offrir la possibilité de rectifier des erreurs de réglage du harnais pour assurer le confort du cheval et éviter des blessures de harnachement. C’est l’occasion de rappeler la nécessité du fouet qui constitue une aide en attelage au même titre que la jambe pour le cavalier
POR : régularité avant tout
L’attelage part ensuite pour le Parcours d’Orientation et de Régularité (POR). Il faut donner à chaque meneur la possibilité de choisir sa moyenne en fonction de l’entraînement de son cheval et de la difficulté de l’itinéraire. Le but de cette épreuve est précisément de démontrer le degré de connaissance que le meneur a de son cheval ou poney.
PTV : être inventif
La troisième épreuve consiste en un Parcours en Terrain Varié (PTV). Il est destiné à montrer le niveau de dressage et de confiance du cheval. Pour cela, il faut être inventif et créer des obstacles naturels. Par exemple, on peut demander un arrêt du cheval devant une barrière fermée, l’attelage devant alors reculer de la longueur nécessaire à l’ouverture de la porte et ainsi lui permettre le passage. Toutes ces épreuves sont chronométrées pour permettre l’attribution de points. Un classement général peut être ensuite établi. On a ainsi la surprise de voir à SaintGenix-sur-Guiers Monsieur Dacheux mener à la victoire son mulet !“
Les premières réunions sont concluantes et il y règne deux principes importants, la convivialité et le respect du cheval.
Premier Championnat de France (4-5 septembre 1999)
Pour cette première à Aubérade dans les Hautes-Pyrénées, le Ministre de l’agriculture était présent et fit une arrivée remarquée non pas en sa qualité de ministre, mais grâce à l’équipage qui le transportait. Deux Mérens du Haras de Tarbes attelés à une voiture moderne de tourisme équestre. Trente-sept partants venant de six régions furent examinés par le Docteur vétérinaire Blanchon qui n’arrêta qu’un seul attelage. Preuve de la bonne préparation des équidés.
Le POR
Le POR faisait 25 km et les côtes ne manquaient pas. La moyenne imposée évoluait de 8 à 14 km à l’heure mais sur 2 km seulement pour la vitesse la plus élevée. Lors d’une forte côte, Jacques Malvezin descendit de sa voiture pour ménager ses deux poneys catégorie B. Comme en endurance, guides en main, il courait à côté. Peut-être est-ce grâce à ce type de précaution qu’il gagna la catégorie en paire. Il a démontré que des poneys bien menés sont de redoutables concurrents.
Le PTV
Le PTV était plein d’imagination. Pour ne pas pénaliser l’attelage obligé de maintenir l’allure choisie. On vit des grooms faire des prouesses, y compris sauter dans la voiture et… défoncer le plancher ! Il fut démontré dans ce PTV que le trot le plus lent et le trot le plus rapide peuvent s’avérer bien utiles pour maintenir l’allure. Le dressage et encore le dressage sont la solution. Souvent en compétition, la rage de gagner nuit aux rapports entre concurrents. En Bigorre, rien de cela ! La bonne ambiance était sur le terrain comme après l’épreuve. Bravo à l’équipe pyrénéenne pour avoir su faire commencer sous d’aussi bons auspices le TREC attelé en Championnat.
Bernard Finet et Jacques Malvezin de la commission attelage étaient concurrents. Laissons la conclusion à ce dernier, membre de la commission attelage, premier Champion de France de TREC attelé en paire et figure emblématique de l’équitation de loisir. “Je dois la victoire à une exceptionnelle complicité qui me lie depuis trois ans à ma groom, madame Vlassenko. Et à un entraînement extrêmement rigoureux et intensif. Il faut préserver l’esprit de convivialité qui caractérise le tourisme équestre. Dès lors que l’on installe un peu de compétition dans une activité de loisir, le risque existe que l’argent pervertisse la nature initiale. A cet égard, les compétitions de TREC sont une opportunité pour les meneurs d’améliorer leur niveau.”
Le TREC attelé aujourd’hui
Le retour à la normale de toutes les activités est lent même si l’enthousiasme est toujours là. Les réunions régionales de TREC ou nationales reprennent. Il faut y inviter à s’y intéresser les meneurs randonneurs. Enfin, meneuses et meneurs sont bien avec leurs poneys, leurs chevaux ou leurs ânes mais comme dans tous les couples « on fait avec ». Y compris les mauvaises habitudes. La régularité des allures, la précision des trajectoires, la capacité de mener à une main ne sont pas des exigences impératives. Mais elles sont les bases de la sécurité de l’équipage. Les obligations du POR et du PTV imposent le perfectionnement de la technique. Base de la sécurité et du confort du cheval.
La vérification de sécurité est le moment où un juge expérimenté vous indiquera par exemple que votre bricole est trop basse ou trop haute. Il ne vous laissera pas prendre le départ en cas d’insécurité.
Essayer le TREC attelé, c’est l’adopter !
Le principe le plus important qui a guidé sa création est la convivialité. Chaque catégorie a un gagnant. Si vous n’êtes pas le vainqueur, vous aurez découvert au cours de la compétition les progrès à effectuer et là où vous avez réussi, vous serez fier de votre cheval. Dernier conseil, lisez le règlement avant votre premier TREC et faites la reconnaissance avec soin.
Par André Grassart – Estafette 158
Crédit photo Clara Châtel