– Par André Grassart
Aujourd’hui, on a tendance à différencier le cheval de l’amateur de tourisme équestre de celui utilisé comme cheval territorial ou agricole. C’est à dire un cheval destiné à un travail utilitaire quotidien. Cette différentiation me paraît fausse et historiquement non avérée.
Naissance de l’attelage
Il faut remonter à 4000 ans environ avant J.C. pour voir apparaître des représentations sculptées d’attelage. Alors que les chevaux montés ne seront vraiment présents sur les champs de bataille qu’au IXème siècle avant J.C. Dû à la stabilité de position du combattant sur un char par rapport à un cavalier qui monte sans étrier. Mais si ces chars sont des engins de guerre, ils ont aussi un but de loisir, la promenade, la chasse. Ainsi pour attaquer un lion, le roi troquait ses deux porte boucliers par deux porte lances. Un aurige menait les chevaux dans les deux cas. Franchissons les siècles.
A la fin du XVIIIème siècle en France, les attelages des princes étaient la marque du rang social de leurs propriétaires mais aussi un moyen de déplacement confortable et rapide. Ces grands seigneurs, hommes de chevaux se lançaient des défis et prenaient les guides d’attelages à quatre ou six chevaux. Avec un mur sur un côté ou une série d’arbres, ils effectuaient le serpent à un trot soutenu avec un demi-pied de plus que la largeur de l’essieu comme dans une maniabilité. Mais arbres et mur constituaient des obstacles fixes. Le chevalier d’Hemars qui le rapporte nous en donne l’appellation de l’époque : « Leçons pour apprendre à accrocher ».
L’évolution de l’attelage loisir-travail
Continuons à survoler l’histoire de l’attelage loisir-travail. Le 22 septembre 1850, des agriculteurs organisent à Mondoubleau (Loir et Cher) des courses de juments percheronnes attelées qui travaillent au quotidien. Il faut parcourir 4 km sur un sol naturel. Yola, jument de la commune effectue la distance en 8’28’’. Cherchez la moyenne (elle va vous étonner !). En 1851, Yola refait le parcours en 8’33’’. Mais vers les années 1959-1960, loisir et travail disparaissent en même temps. Après avoir été sauvés essentiellement par la boucherie, les race de trait mais aussi les chevaux de sang, les ânes et les poneys sont redécouverts dans les années 1970.
Le sport est relancé par l’Association Française d’Attelage puis par notre Fédération. Le Tourisme équestre avec les randonnées, les roulottes, le TREC sont initiés par le CNTE précédé par la DNTE et l’ANTE. Les chevaux de travail à part une utilisation par quelques agriculteurs et débardeurs avaient quasiment disparu, remplacés par le moteur à explosion. Aujourd’hui, les chevaux territoriaux commencent à réinvestir les villes et les villages comme chevaux de travail (ramassage des ordures, entretien des espaces verts, etc.) et d’un certain loisir. Les écoliers attendent avec impatience le cheval qui les transporte à l’école.
Loisir ou travail
Alors aujourd’hui comme hier, il ne faut pas faire de distinction entre cheval de loisir et cheval de travail. C’est la même complicité laborieuse et sentimentale qui existe entre l’homme et le cheval depuis 6000 ans. La confiance que le cheval d’attelage d’un char de guerre ou de chasse faisait a son aurige n’est pas très différente de celle qu’il vous témoigne au XXIème siècle face à une moissonneuse batteuse ou à un 38 tonnes. Notre précédent président, Bernard Pavie a eu l’idée de réunir pour la JNAL 2011 les deux grandes familles : cheval de loisir et cheval de travail. C’est le même esprit, les mêmes techniques de menage, le même respect du cheval et la même recherche d’une certaine qualité de vie. Il ne reste plus qu’à le faire savoir.
– Article extrait de l’Estafette 108
Crédit photo intro©DR